À l’approche de Roland Garros une question revient souvent sur la table : « Pourquoi les sportifs grognent-ils? » Selon une étude menée par les étudiants de l’université de Manoa, à Hawaï, ces sons permettraient d’accroître la performance, mais pas que. Il arrive que sur un match de tennis, les deux joueurs/joueuses se répondent d’un cri à un autre. Deux raisons sont émises par les étudiants, la première une amélioration de la performance. En effet, pousser un son au moment de frapper la balle permettrait de la renvoyer plus fort vers son adversaire. « Émettre un bruit facilite l\’évacuation du souffle. Ce qui donne de la fluidité de mouvement grâce à un extrême relâchement, cela améliore donc l’exécution du geste » explique Kasha Kujawa, joueuse de tennis au TUC.
En revanche, l’adversaire peut se trouver déstabilisé par ces bruits, voilà le deuxième argument avancé par l’étude. Le fait de masquer l’impact de la balle peut perturber le receveur. En effet, certains joueurs de tennis se fient aux sons pour anticiper où la balle va arriver. Il est alors impossible d’en deviner la direction. Quand Maria Sharapova émet un rugissement à plus de 106 décibels, c’est l’équivalent d’un concert de rock ou encore le bruit d’un marteau-piqueur situé à 1m qui se laisse entendre sur le court.
Crier c’est tricher?
Les cris posent problème pour certains joueurs de tennis qui voient en ce dernier de la triche. Cependant, le règlement est clair. Si un joueur entrave le jeu et perturbe l’adversaire, même involontairement, le point doit être rejoué. Malgré cela, de nombreux joueurs se plaignent encore des agissements de leur opposant. Un sujet qui faisait déjà débat en 2009. L’ancienne joueuse Martina Navratilova avait déclaré : « Les grognements ont atteints un niveau inacceptable. C’est de la triche pure et simple et il est temps que quelque chose soit fait ». Son argument est que le bruit peut entraver la capacité de l’adversaire à entendre la balle frapper la raquette. Un élément clé pour se préparer à renvoyer un tir. Des propos qui coïncident avec ce que déplore Kasha Kujawa. « Produire des bruits pour cacher certains coups, c’est anti-sportif ».
Dans un même temps, la recherche s’est dirigée sur des karatékas. Ils ont pris deux mesures de force de frappe sur un sac. Une fois les sportifs poussaient des cris, l’autre fois non. En moyenne, les participants ont généré une force de frappe de 24,2 g lorsqu’ils ont donné un coup de pied en criant, contre 22 g lorsqu’ils se sont exécutés en silence. Une hausse significative de 10 %. Pour conclure, les auteurs de cette étude « estiment que les cris génèrent un avantage à la fois en permettant de frapper plus fort, mais aussi en distrayant un adversaire ».